La double neuroatypie est souvent difficile à identifier et encore plus à accompagner. Selon Béatrice Millêtre, docteure en psychologie et spécialiste des thérapies comportementales et cognitives, « le haut potentiel, qui est plein de qualités et de forces, ne protège pas des difficultés liées aux troubles ».
Détecter la double exceptionnalité d’un enfant exige une approche globale. « La difficulté d’accompagner une personne doublement exceptionnelle, c’est que ces deux singularités vont s’interpénétrer, explique Béatrice Millêtre. Comme le jaune du haut potentiel et le bleu du trouble neurodéveloppemental, qui forment du vert indissociable ». Cette approche implique de ne pas isoler chaque particularité, mais plutôt d’adapter l’accompagnement à l’ensemble des besoins de l’enfant.
Un diagnostic complexe
Le premier signalement provient souvent de l’école, lorsque l’enseignant constate des singularités dans le comportement ou les apprentissages de l’élève. Un diagnostic repose alors sur une évaluation multidimensionnelle, réalisée par des professionnels compétents en neuroatypie.
« Aujourd’hui, on ne devrait plus poser de diagnostic de trouble neurodéveloppemental sans faire un bilan cognitif, afin d’éviter les erreurs », prévient Béatrice Millêtre.
Les difficultés d’un parcours adapté
Les erreurs de diagnostic sont en effet fréquentes, notamment en raison des critères définis dans le DSM-5, manuel de référence des troubles mentaux. « Par exemple, pour un trouble de l’attention, il est explicitement écrit que s’il n’affecte pas les résultats scolaires, on ne peut pas poser ce diagnostic. » Pourtant, cette nuance est souvent ignorée. « L’environnement peut brider l’expression des gènes de l’intelligence jusqu’à 60 % », indique Béatrice Millêtre.
Cette constatation souligne l’importance d’un accompagnement adapté et bienveillant, qui prend en compte les particularités de l’enfant sans le stigmatiser. « L’important, c’est l’enfant qu’on accompagne et non l’étiquette qu’on lui attribue », ajoute-t-elle.
Accompagner sans oublier l’enfance
Si le diagnostic permet de mieux comprendre les difficultés de l’enfant, il ne doit pas faire oublier son épanouissement personnel. « Un enfant reste un enfant », insiste Béatrice Millêtre. Certains parents, impressionnés par la maturité intellectuelle de leur enfant, le traitent comme un adulte en devenir. Ils négligent ainsi les aspects fondamentaux de l’enfance, comme le jeu et la socialisation.
L’approche préconisée consiste à s’appuyer sur les forces de l’enfant pour pallier ses difficultés. « Plutôt que de lui imposer une lecture simplifiée qui ne l’intéresse pas, on peut choisir des textes accessibles, mais porteurs de sens complexe, comme des métaphores », explique la psychologue.
Une composante héréditaire
La question de l’hérédité se pose souvent lorsque des parents découvrent la double exceptionnalité de leur enfant et reconnaissent en eux certaines de ces singularités. « Le haut potentiel et les troubles neurodéveloppementaux ont une composante héréditaire », confirme Béatrice Millêtre.
L’environnement influence également ces caractéristiques.
L’invitée.
Docteure en psychologie formée aux neurosciences, Béatrice Millêtre est spécialiste des thérapies comportementales et cognitives. Elle anime de nombreuses formations universitaires et congrès. Béatrice Millêtre est par ailleurs la fondatrice et dirigeante du Groupe Francophone d’Echange sur la Pratique des TCC. Elle est l’autrice de « Doublement exceptionnel », publié aux éditions Marabout.
Son site Internet Béatrice Millêtre et son compte Instagram @BeatriceMilletre.
